vendredi 30 novembre 2007

Quand Danièle fait de la résistance ...

La résistance de Danièle
vendredi 23 novembre 2007.

"Mardi, il y avait la grande manifestation à Paris et mon état de santé et l’âge m’empêchait d’y aller. Alors, comme je l’avais fait pour le CPE à Vélizy, j’ai décidé de faire ma manif individuelle aux Ulis 2. Cette fois, cela a été un peu plus difficile et j’adore ça. J’ai donc collé 6 ou 7 affichettes que j’avais imprimées sur ma veste et en route, avec ma béquille et mon allure "tortue"...

Je suis entrée dans la galerie marchande, c’était le calme plat. Sur l’une des affichettes, j’invitais les gens à venir me parler si ils le souhaitaient. Seule une dame est venue me voir pour me faire part de sa sympathie. Espérant trouver plus de gens, je suis entrée dans Carrefour.
Il n’y avait pas beaucoup de clients : ils étaient tous en train de manger. Je suis donc montée à la cafétéria et j’ai fait toutes les allées entre les tables. Là, c’était plus intéressant et plus chaleureux. Puis, marche par marche, je suis descendue. En bas, un employé de la sécurité m’attendait :
- Madame, suivez-moi s’il vous plaît.
- Pourquoi, Monsieur ?
- Parce que nous avons eu des plaintes de clients qui mangeaient et que votre passage a indisposés.
- Alors là, vous ne pouviez pas me faire plus plaisir qu’en me disant cela !
- Suivez-moi.
- Où m’emmenez-vous ?
- Vous sortez du magasin, c’est un lieu privé.
- Rien à faire, Monsieur. En France, la loi garantit la liberté d’expression et vous n’avez pas à décider de la tenue vestimentaire de vos clients. Et je veux acheter du jus d’orange.
- Alors vous sortez et vous rentrez, mais pas avec votre veste telle qu’elle est.
- Vous n’allez tout de même pas me demander de retourner ma veste ; ce n’est pas mon style.
- Vous sortez et vous enlevez les papiers accrochés sur vous.
- Non, je connais mes droits et vous ne pouvez pas me refuser la vente de mon jus d’orange. Après un coup de fil à la hiérarchie :
- D’accord, mais je vais vous conduire au rayon et ensuite vous partirez.
- C’est entendu.

Bien sûr, le rayon des jus de fruits était à l’autre extrêmité du magasin, et me voici partie, clopin-clopant, le plus lentement possible, avec l’employé de la sécurité en costume noir strict à quelques mètres devant moi et qui s’arrêtait pour m’attendre. Cela me rendait encore plus visible et j’ai donc continué tranquillement ma petite manif personnelle en traversant Carrefour. Un monsieur intéressé, est venu me parler et il m’a accompagnée un bon bout de chemin. Il pensait que les réformes étaient inéluctables, indispensables et bénéfiques pour l’avenir. Nous avons discuté, je crois que j’ai bien ébranlé ses certitudes et personne n’a osé nous interrompre. Arrivée aux jus d’orange, j’ai pris mon pack et j’ai demandé à l’employé de la sécurité d’aller à la caisse la plus proche car j’étais fatiguée. Il m’a fait passer devant les autres clients qui, du coup, se sont intéressés à mes écritures et ont gentiment discuté avec moi, en me remerciant même de mon action. La caissière m’a dit : "Ne passez pas trop vite. Je veux lire." Puis, j’ai rejoint ma voiture car j’étais vraiment très, très fatiguée. Mais, une fois sur la route, je riais toute seule de la cocasserie de mon "équipée".
J’étais contente d’avoir quand même pu participer à cette journée d’action sociale. Je crois que j’ai été quand même un tout petit peu utile et , en plus, je me suis vraiment bien amusée. C’est pour cela que j’avais envie de vous le raconter, à vous ma famille, à vous mes amis".
Danièle
Source : http://reseaudesbahuts.lautre.net/article.php3?id_article=619

1 commentaire:

  1. jlb de http://echo-saverdun.over-blog.com te dit:
    "une idée originale à relayer avant chaque jour de mobilisation"

    RépondreSupprimer