jeudi 3 avril 2008

Sauver l'enseignement de l'éco au lycée

Depuis quelques mois, en fait depuis l'automne, plusieurs voix, dont celle du ministre, se sont élevées contre l'enseignement des sciences économiques et sociales au lycée, du moins tel que cet enseignement serait pratiqué aujourd'hui. D'abord, cette filière n'offrirait que de faible débouchés professionnels, alors qu'elle contribue pour une grande partie à remplir les Grandes Ecoles type Sciences Po et les facs de droit, principaux producteurs des fonctionnaires de l'Etat et d'autres professions à "forte rentabilité symbolique" comme président de la république ou présentateur télé !! Il a, ni plus ni moins, été fait allusion aux tendances gauchisantes des enseignants de cette discipline (on se demande sur quelle base objectives de tels propos ont été tenus ?) et des biais que cela introduirait dans l'appréhension de la matière : critique du libéralisme, des mécanismes du marché et de la libre concurrence, enseignement du marxisme et autre vilénies sont reprochées aux profs de SES. En plus de ça, cette matière formerait l'esprit critique des élèves, ce qui en soi, peut effectivement être gênant pour l'idéologie dominante.
Bref, les SES au lycée sont véritablement menacées à plusieurs point de vue : d'abord comme enseignement fondamental. Il est effectivement question soit de supprimer purement et simplement la filière ES (anciennement bac B), soit de faire des SES une matière optionnelle, ce qui revient au même et permettrait sans doute de réduire le nombre de poste et de redéployer ce personnel, non maximisé, dans d'autres matières peut être. Et d'ailleurs, n'est-ce pas ce que pourrait sous tendre la confusion des sciences économiques et sociales avec "l'économique et le social" pratiqué par le ministre Darcos himself ?
Ensuite, les SES sont menacées dans leur contenu : le ministre souhaite qu'on apprenne les bienfaits de la rentabilité et les réalités du monde du travail qui serait, selon lui, pas seulement un mode de patron mais aussi un monde d'ouvrier qui se lèvent à 4h du matin... C'est bien comme promesse d'avenir : vouloir faire réver les jeunes d'être ouvrier. Sauf, que c'est pas le même salaire que patron quoi ...
Pour d'autres, comme les membres du MEDEF, il faudrait "rééquilibrer" les manuels et donc l'enseignement en faveur de l'Entreprise, et certaines d'entre elles ont d'ors et déjà proposé leur service pour produire les dits manuels. C'est le meilleur des mondes, pour ne pas dire "elle est bien bonne celle-là" !

Heureusement les profs de SES qui n'en sont pas à une première attaque de leur matière ont lancé une pétition qu'il est urgent de signer pour les soutenir et dire que nous aussi nous sommes attachés à ce que les jeunes puissent conserver cet enseignement qui leur permet d'avoir prise sur le monde et les problématiques contemporaines (pas seulement économiques d'ailleurs, c'est peut être ce qui gêne les critiques !) et de ne pas devenir (trop vite) des moutons.
Depuis que j'ai fait une terminale ES, j'ai toujours pensé que tout le monde devrait faire un peu d'économie pour pouvoir comprendre de quoi on nous parle et les décisions qui sont prises à tous les niveaux. Comme j'ai toujours pensé que tout le monde devrait faire un peu de droit, pour au moins connaître les siens et un peu de sociologie pour déconstruire les représentations...

Bref on sait bien que se sont les formations pluridisciplinaires qui forment les esprits les plus brillants : il n'est qu'à voir Marx, Weber, Durkheim, Aron ou Bourdieu et j'en passe.

ALORS SIGNEZ LA PÉTITION DE l' APSES !!
Vous pouvez aussi participer à d'autres actions pour infléchir la politique du ministère, comme l'envoie de carte postale préconisée par l'APSES
Cela dit, je n'ai aucune action ni intérêt personnel dans cette asso, n'étant pas moi même professeure de SES ... Je crois juste que ça s'apelle la solidarité.
A bon entendeur ...

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