Merci Professeur Choron!
Mardi soir, 30 septembre, je suis allée voir en avant première au cinéma Utopia, le dernier opus de Pierre Carles: "Choron Dernière". Le réalisateur est dans la salle, présente le film et ensuite... silence, ça tourne.
J'aime les films de Pierre Carles, que j'ai presque tous vus, la plupart du temps à l'Utopia, ardent défenseur d'un cinéma libre (pour pomper un peu sur les Béruriers Noirs). A chaque fois, je ressors de là dans un état euphorique et révolté tout à la fois, juste ce qu'il faut pour entretenir mon petit feu intérieur. A chaque fois, une claque, c'est bon, ça fouette le sang.
Donc je m'attendais un peu au double effet Kiss Carles.
Et quand même là, c'est plutôt une bonne mandale que j'ai pris dans la gueule.
WAHOU!
Carles, je te le dis direct:
1) je t'aime,
2) n'arrête jamais de faire des films.
Le Professeur Choron... Quand il est mort, je me suis dit "Hé allez, encore un qu'on va découvrir quand il est mort et dont on dira qu'il nous manque".
Mais s'il faut aller voir le film de Carles, ce n'est pas tellement pour avoir ce genre de réaction, somme toute assez convenue.
S'il faut aller voir ce film, c'est d'une part parce qu'il réhabilite Choron, et qu'il montre ce qu'est la subvertion et l'humour subversif, ce qu'est une pensée anarchiste et profondément humaine. Quand Choron explique comment le cerveau des enfants est rongé par la connerie, quand il démonte en trois phrases sybillines toute l'hypocrisie d'un système dans lequel nous sommes englués jusqu'au cou et consentants à l'être: "On est dans un petit cirque et on fait notre numéro, comme on nous a dressés pour le faire", quand on l'écoute raconter sa jeunesse "militaire" et les câlins monneyés à son sergent instructeur, c'est là qu'on se rend compte de ce que cela veut dire un homme libre.
Et ça n'est pas donné à tout le monde.
Et s'il faut aller voir ce film, c'est aussi pour être bien convaincu (si ce n'était pas déjà le cas) à quel point Val est bel et bien un enfoiré de première, arrogant, tyrannique, imbu de sa position de "directeur de Charlie Hebdo", puant de prétention et d'autosuffisance, versatile et obséquieux jusqu'à la moelle, devant les lumières de la starisation médiatique.
Comme c'est pathétique de constater la déchéance de Cabu, qui semble un vieillard sénile tremblant devant Maître Val, et tournant le dos pour ne pas avoir à montrer la honte qui le submerge à l'évocation de Choron !!!!! Cabu le bon toutou rampe, humilié et servile, et fait profil bas face à la mauvaise foi de Val, qui en profite pour enfoncer un clou cruel contre l'ancien fondateur d'Hara Kiri, qu'il n'a même pas connu!
Idem pour Wolinsky, le bon bourgeois convenable, qui en présence de Val assis à ses côtés, semble choisir ses mots, pour ne pas heurter la sensibilité du Maître, qui ne se prive pas de lui couper la parole et de rectifier les propos qui n'ont pas l'heur de lui plaire...
Enfin, Cavana rattrappe un peu cette dégringolade, mais c'est encore plus triste, de le voir au bord des larmes, en évoquant son copain de toujours et de jamais, et, se rendant compte qu'il vient de dire ce qu'il pense réellement de Val, demander avec un éclair d'angoisse à Carles "ça tourne là, tu as enregistré ce que j'ai dit?" Puis, réalisant peut-être l'absurdité de la situation, avec comme un ultime sursaut de la rebellion qui était la sienne, il ajoute" ho! ben tant pis après tout"...
Et oui, c'est pitoyable de constater à quel point les anciens provocateurs, les anciens anars, se sont vendus et ont perdu leur âme.
Val en a fait des larbins au service de son image et de sa gloire, des vieux lions fatigués, qu'il rudoie sans ménagement, pour les contraindre à faire leur petit numéro selon son bon vouloir. Le fric et l'image de marque les tiennent par le fond du pantalon, et ceux qui n'auraient jamais accepté, il y a trente ans, qu'on leur dicte ce qu'il fallait dessiner et dire, se couchent de bonne grâce, devant un chansonnier médiocre, ambitieux et sans âme.
Là où Choron les avait libérés de leurs propres barrières intérieures, Val les a mis en cage en leur donnant l'illusion d'un libre-arbitre prêt à consommer.
Là où Choron leur a fait inventer un humour, qui, à ma connaissance, n'existe pas ailleurs avec un tel degré de satire, une telle puissance dans l'insolence, Val les a soumis à une expression consensuelle, auto-censurée, au service de ses intérêts personnels.
Oui, ça fait mal au coeur.
Et au moment où la clique de Charlie s'apprête à célébrer son vedettaria en tant que grand défenseur de la liberté d'expression, dans le film de Leconte, on a peine à imaginer (surtout pour les jeunes générations) qu'un hebdo comme Hara Kiri ait pu exister en France, et c'est pourquoi il faut voir le film de Carles.
La liberté d'expression elle était là, parce que c'était une prise de risque continuelle, et que les mecs de l'époque n'avaient pas peur de monter au créneau.
Les anciens de Charlie qui cautionnent Val ne sont que des trouillards qui craignent pour leur bas de laine.
Le seul qui s'en sort et qui a secoué ces vaines chaînes, c'est Siné. Il aura fallu qu'il se fasse "virer" de l'équipe, et qu'il reçoive le soutien des gens sur le net et au-delà, pour ouvrir les yeux et reprendre la parole qu'on lui avait confisquée.
Mais, je me pensais en sortant du cinéma: qu'est-ce qui les empêche de dire "non" à ces mecs? Qu'est-ce qui les empêche de désobéir, de refuser?
Quand on pense que ces mecs ont fait "L'An 01" avec Gébé, on est ahuri de constater à quel point ils se sont reniés eux-mêmes!
C'est peut-être ça qui est le plus attristant.
Le film de Carles sortira le 14 janvier 2009, notez ça sur vos tablettes, ça vaut vraiment le coup de payer une baby-sitter pour avoir la soirée de libre ce jour-là.
Je laisse quelques liens afin de prolonger cet article si le coeur vous en dit.
- L'An 01 (regardez à la 34 ème minute: Wolinsky, Cavanna, Cabu et Choron dans le rôle des "Conspirateurs" et à la 40 ème minute, Coluche);
- Choron Dernière présenté à Groland, Carles assassine De Greff présent dans la salle;
- Siné présente Choron Dernière, et règle aussi ses comptes;
- Nécrologie du Professeur Choron dans plusieurs journeaux, dont l'hommage restreint de Cavanna dans Charlie Hebdo;
-Concernant Pierre Carles sa vie et son oeuvre;
- Et sur Plan B il y avait ce montage d'archives du même trublion "Charlie Hebdo se fait hara-kiri" tout a fait éclairant.
Donc je m'attendais un peu au double effet Kiss Carles.
Et quand même là, c'est plutôt une bonne mandale que j'ai pris dans la gueule.
WAHOU!
Carles, je te le dis direct:
1) je t'aime,
2) n'arrête jamais de faire des films.
Le Professeur Choron... Quand il est mort, je me suis dit "Hé allez, encore un qu'on va découvrir quand il est mort et dont on dira qu'il nous manque".
Mais s'il faut aller voir le film de Carles, ce n'est pas tellement pour avoir ce genre de réaction, somme toute assez convenue.
S'il faut aller voir ce film, c'est d'une part parce qu'il réhabilite Choron, et qu'il montre ce qu'est la subvertion et l'humour subversif, ce qu'est une pensée anarchiste et profondément humaine. Quand Choron explique comment le cerveau des enfants est rongé par la connerie, quand il démonte en trois phrases sybillines toute l'hypocrisie d'un système dans lequel nous sommes englués jusqu'au cou et consentants à l'être: "On est dans un petit cirque et on fait notre numéro, comme on nous a dressés pour le faire", quand on l'écoute raconter sa jeunesse "militaire" et les câlins monneyés à son sergent instructeur, c'est là qu'on se rend compte de ce que cela veut dire un homme libre.
Et ça n'est pas donné à tout le monde.
Et s'il faut aller voir ce film, c'est aussi pour être bien convaincu (si ce n'était pas déjà le cas) à quel point Val est bel et bien un enfoiré de première, arrogant, tyrannique, imbu de sa position de "directeur de Charlie Hebdo", puant de prétention et d'autosuffisance, versatile et obséquieux jusqu'à la moelle, devant les lumières de la starisation médiatique.
Comme c'est pathétique de constater la déchéance de Cabu, qui semble un vieillard sénile tremblant devant Maître Val, et tournant le dos pour ne pas avoir à montrer la honte qui le submerge à l'évocation de Choron !!!!! Cabu le bon toutou rampe, humilié et servile, et fait profil bas face à la mauvaise foi de Val, qui en profite pour enfoncer un clou cruel contre l'ancien fondateur d'Hara Kiri, qu'il n'a même pas connu!
Idem pour Wolinsky, le bon bourgeois convenable, qui en présence de Val assis à ses côtés, semble choisir ses mots, pour ne pas heurter la sensibilité du Maître, qui ne se prive pas de lui couper la parole et de rectifier les propos qui n'ont pas l'heur de lui plaire...
Enfin, Cavana rattrappe un peu cette dégringolade, mais c'est encore plus triste, de le voir au bord des larmes, en évoquant son copain de toujours et de jamais, et, se rendant compte qu'il vient de dire ce qu'il pense réellement de Val, demander avec un éclair d'angoisse à Carles "ça tourne là, tu as enregistré ce que j'ai dit?" Puis, réalisant peut-être l'absurdité de la situation, avec comme un ultime sursaut de la rebellion qui était la sienne, il ajoute" ho! ben tant pis après tout"...
Et oui, c'est pitoyable de constater à quel point les anciens provocateurs, les anciens anars, se sont vendus et ont perdu leur âme.
Val en a fait des larbins au service de son image et de sa gloire, des vieux lions fatigués, qu'il rudoie sans ménagement, pour les contraindre à faire leur petit numéro selon son bon vouloir. Le fric et l'image de marque les tiennent par le fond du pantalon, et ceux qui n'auraient jamais accepté, il y a trente ans, qu'on leur dicte ce qu'il fallait dessiner et dire, se couchent de bonne grâce, devant un chansonnier médiocre, ambitieux et sans âme.
Là où Choron les avait libérés de leurs propres barrières intérieures, Val les a mis en cage en leur donnant l'illusion d'un libre-arbitre prêt à consommer.
Là où Choron leur a fait inventer un humour, qui, à ma connaissance, n'existe pas ailleurs avec un tel degré de satire, une telle puissance dans l'insolence, Val les a soumis à une expression consensuelle, auto-censurée, au service de ses intérêts personnels.
Oui, ça fait mal au coeur.
Et au moment où la clique de Charlie s'apprête à célébrer son vedettaria en tant que grand défenseur de la liberté d'expression, dans le film de Leconte, on a peine à imaginer (surtout pour les jeunes générations) qu'un hebdo comme Hara Kiri ait pu exister en France, et c'est pourquoi il faut voir le film de Carles.
La liberté d'expression elle était là, parce que c'était une prise de risque continuelle, et que les mecs de l'époque n'avaient pas peur de monter au créneau.
Les anciens de Charlie qui cautionnent Val ne sont que des trouillards qui craignent pour leur bas de laine.
Le seul qui s'en sort et qui a secoué ces vaines chaînes, c'est Siné. Il aura fallu qu'il se fasse "virer" de l'équipe, et qu'il reçoive le soutien des gens sur le net et au-delà, pour ouvrir les yeux et reprendre la parole qu'on lui avait confisquée.
Mais, je me pensais en sortant du cinéma: qu'est-ce qui les empêche de dire "non" à ces mecs? Qu'est-ce qui les empêche de désobéir, de refuser?
Quand on pense que ces mecs ont fait "L'An 01" avec Gébé, on est ahuri de constater à quel point ils se sont reniés eux-mêmes!
C'est peut-être ça qui est le plus attristant.
Le film de Carles sortira le 14 janvier 2009, notez ça sur vos tablettes, ça vaut vraiment le coup de payer une baby-sitter pour avoir la soirée de libre ce jour-là.
Je laisse quelques liens afin de prolonger cet article si le coeur vous en dit.
- L'An 01 (regardez à la 34 ème minute: Wolinsky, Cavanna, Cabu et Choron dans le rôle des "Conspirateurs" et à la 40 ème minute, Coluche);
- Choron Dernière présenté à Groland, Carles assassine De Greff présent dans la salle;
- Siné présente Choron Dernière, et règle aussi ses comptes;
- Nécrologie du Professeur Choron dans plusieurs journeaux, dont l'hommage restreint de Cavanna dans Charlie Hebdo;
-Concernant Pierre Carles sa vie et son oeuvre;
- Et sur Plan B il y avait ce montage d'archives du même trublion "Charlie Hebdo se fait hara-kiri" tout a fait éclairant.
Toute ma jeunesse, Har Kiri, et aussi, que vous oubliez, le premier journal d'écologie militante, la Gueule Ouverte.
RépondreSupprimerEt l'An 01, une magnifique fable, prolongée dans un autre genre par Temroc, avec un Piccoli complètement déjanté !
Mais le problème de ces trublions, comme pour tous, c'est l'embourgeoisement, comme vous le notez si bien Anaïs.
Pour mémoire, la lecture des Années de braises et des Années de cendre, d'Hamon et Rotman, pour voir où en sont arrivés nos grands animateurs de mai 68, les Kouchner, les July, les Geismar, et quelques autres...
Heureusement qu'ils y en a quelques-un(é)s, comme vous, qui résistent.
On est dans le système inutile de se voiler la face, de prétendre le contraire... John Lennon disait qu'on est tous dans un petit sac... Mais bon, ceci dit et acquis, on peut au moins essayer le temps d'une vie d'être fidèle à soi-même.
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