Veni, vedi... détruit.
Une pétition circule afin de contre-carrer les projets de notre cher surveilleur de ministre... qui sape les fondements culturels de notre pays, pour des arguments fallacieux.
On pointe du doigt l'enseignement de ces disciplines autrefois réservées à l'élite du corps social et à présent ouvertes à tous grâce au collège d'enseignement général: peu d'enseignants, des postes de concours au CAPES qui s'effritent année après année, et des connaissances qui ne seront jamais convertibles en moyens d'accès direct à un emploi.
L'enseignement que reçoivent les collégiens qui apprennent le latin et le grec n'a aucun prix, si ce n'est celui de la culture générale et du développement de la réflexion personnelle. Je suis parfaitement bien placée pour observer, non seulement que les élèves qui choisissent l'option latin en cinquième, ne sont pas forcément les "meilleurs" élèves en français, et combien cet enseignement les aide à maîtriser leur propre langue française quotidienne, les ouvre à mieux comprendre l'ensemble de notre patrimoine littéraire, et est un vecteur de motivation et de plaisir.
Il suffit de nous opposer constamment des objectifs à court terme et de vouloir réduire l'enseignement à des objectifs de rentabilité économique!
Nos élèves sont à l'école pour devenir des citoyens, ainsi que les disent les textes officiels, leur horizon au sein de l'école n'est pas seulement de trouver un emploi, une tâche à faire, à exécuter, après avoir été programmés en ce sens pendant 15 ans!
Nos élèves doivent pouvoir avoir le choix.
Laissez-nous, laissez-les aprendre la langue "régionnale" qui les relie à leurs racines, bretonnes, basques, occitanes, alsaciennes ou autre, et laissez-les découvrir l'origine de leur langue quotidienne, afin que parler et communiquer gardent un sens vrai.
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Texte de la pétition à imprimer et à envoyer que l'on peut aussi trouver sur ce site:
Lettre ouverte au Ministre de l’Education nationale
Monsieur le Ministre,
Ministre, récession, affection nosocomiale, métaphore, idéal, idéalisme, démocratie, stratosphère, géopolitique, to stand, stehen, estar, mujer…
Ces mots scientifiques ou du vocabulaire de tous les jours, ces mots français, anglais, allemands, espagnols puisent leurs racines communes dans le latin et le grec, langues‐mères de l’Europe.
De la Renaissance au XXIème siècle, architectes, peintres, sculpteurs, musiciens conversent avec l’art, l’histoire, la mythologie du monde gréco‐romain.
De la Renaissance au XXIème siècle, en Europe, les écrivains, les philosophes, les politiques font référence à Homère, Socrate, Platon, Aristote, Tacite, Virgile…
465 000 élèves du collège au lycée en L, mais surtout en S et ES étudient le latin (seconde langue étudiée après l’anglais) et le grec, parce qu’ils ont bien compris que les langues et cultures de l’antiquité leur permettaient de s’approprier la langue française et le patrimoine culturel européen.
Or la réforme de la classe de seconde du lycée organise la mort du latin et du grec :
• La réforme interdit de facto aux élèves scientifiques de choisir des langues anciennes en établissant une concurrence entre le modules Sciences et Humanités, en offrant dans les modules un enseignement renforcé des matières de tronc commun.
• La réforme, loin de supprimer les filières, les renforce en marginalisant encore davantage la filière littéraire sans présenter les débouchés qu’elle offre.
• La réforme remet en question la continuité d’enseignement du latin et du grec entre le collège et le lycée. De plus, les lycéens ne s’investiront pas dans un enseignement qu’ils ne pourront pas valider au baccalauréat.
• La réforme, en marginalisant le latin et le grec, prive l’enseignement d’un facteur d’intégration et de promotion sociale.
N’agissez pas dans la précipitation, Monsieur le Ministre. Ne soyez pas le fossoyeur du latin et du grec qui vous ont nourri et qui nourrissent le patrimoine linguistique et culturel de l’Europe.
Tableau de Rubens
Evidemment, ce serait malheureux que chacun ait les mêmes chances dans la vie, grâce à un enseignement de culture générale égal, donnant les mêmes bases et les mêmes atouts, qu'on devienne ministre ou technicien de surface.
RépondreSupprimerPhilooo, 5 ans de latin, 3 de grec : bonne base pour déchiffrer (en autre) les bons gags d'Astérix :-)
Ce n'est pas moi qui comme Philoo après également 5 ans de latin et 3ans de grec qui va contredire ce billet.
RépondreSupprimerEnfin, maintenant qu'on parle enfin de la baisse de l'anglais dans le monde au profit d'autres langues, on va peut-être réfléchir au retour des langues plus confidentielles et d'une formation de l'esprit plus que de l'acquisition de connaisances directement valorisables dans une économie qui de toute manière perd ses repères et ses fondements.