mercredi 13 mai 2009

Bienvenue en France : ausweiss SVP !

La France terre d'accueil c'est TER-MI-NE !
Le témoignage ci-dessous illustre tristement la politique anti-étrangers de la France. Il n'est pas anonymé puisque les personnes qui ont subit cette situation souhaitent que cette information soit diffusée le plus largement possible. L'histoire est vraie, même si au fur et à mesure de la lecture on croit tomber en plein cauchemard. Témoignage émouvant qui laisse entrevoir les conditions dans lesquelles sont traités les indésirables que l'on prive de tous moyens de défense, que l'on humilie et que l'on déshumanise.
En effet, il faut savoir que cela peut nous arriver si nous avons la mauvaise idée d'inviter chez nous des ami-e-s étrangers "hors UE"...
-------Message original-------

De : Idelette Muzart
Date : 11/05/2009 19:49:54
Sujet : [tout_lce] Professeur brésilienne expulsée de France

Chers collègues et camarades
C'est avec colère que je vous fais suivre ce long message en demandant à tous qu'il soit largement diffusé. Ministres et conseillers de cabinet osent nous parler de l'"image de notre université à l'étranger", que notre grève contribue, parait-il, à ternir.
Une histoire absolument vraie, comme celle-là, montre dans le monde entier une image de la France comme un état policier, soumis à l'arbitraire. Elle est arrivée à une collègue brésilienne, elle peut se répéter demain pour n'importe quel invité à un colloque, n'importe quel ami étranger que nous invitons à passer une semaine ou deux à la maison, plutôt que de se ruiner à l'hôtel!
Déjà nos partenaires s'inquiètent et se bardent d'attestations et de documents ou même... renoncent à venir participer à un colloque en France ou à y passer une année d'études post-doctorales, trop risqué!L'histoire circulait depuis une quinzaine de jours, en portugais, sur les réseaux universitaires brésiliens, nous l'avions déjà répercuté sur le Réseau Pôle Brésil de Nanterre. Elle est ici en français et complétée par les récits des collègues et amis français qui, malgré leurs efforts, n'ont pas réussi à se faire entendre de la police et à empêcher l'expulsion scandaleuse d'une universitaire qui venait en France passer ses vacances chez des amis et prendre quelques contacts professionnels.

A propos, cette année 2009 est l'Année de la France au Brésil, avec force commémorations officielles, visite du Président Sarkozy le jour de la fête nationale brésilienne, le 7 septembre, comme le Président Lula avait visité la France le 14 juillet 2005, pour l'Année du Brésil en France, et aussi des colloques... parmi lesquels un colloque, que je co-organise, consacré aux "Réseaux intellectuels France-Brésil, 19e-20e siècle". Pour le 21e siècle, combien faudra-t-il de "laisser-passer" pour que les Réseaux fonctionnent?
Cordialement
Idelette Muzart
Université Paris Ouest Nanterre
Responsable du Réseau Pôle Brésil

Début du message réexpédié :

Honte et révolte sont les deux sentiments qui m¹animent depuis vendredi dernier.
Honte d'être français et révolte contre un pouvoir qui a comme ligne de conduite la répression dans tous ses états !
Les faits : Vendredi 10 avril 2009 une amie brésilienne, professeur-chercheur en université, a été retenue par les services de la police française à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle et a passé la journée en rétention parce qu'elle n'avait pas une attestationd'accueil officielle mais seulement une attestation d'hébergement rédigée par Riviane et moi comme nous l'avions toujours fait pourtous nos amis brésiliens que nous avons accueillis depuis de nombreuses années. Malgré nos interventions répétées nous n'avons appris son incarcération que vers 18 h et son expulsion avec 16 autres brésiliens et brésiliennes par le premier avion en partance pour Rio de Janeiro à 21h50 le même jour.
Je vous joins le récit de Solange et le mien en fichiers attachés.[cf plus bas] Nous avons appris par Solange que dans le groupe expulsé il y avait une jeune fille qui avait payé 5 jours d'hôtel alors que son billet était établi pour 7 jours [ ce passage semble signifier que son séjour d'hôtel étant plus court que son séjour "billet d'avion", il y a potentiellement un risque qu'il s'agisse d'une immigrée clandestine ?]. Je suis révolté, non seulement par les conditions de détention, mais aussi par la désinvolture et le manque d'humanité qui ressortde cette lamentable affaire et plus encore par la restriction de nos libertés individuelles qui découle des conditions de l'établissement de cette « attestation d'accueil » officielle qui est demandée par l'Etat français aux étrangers venant de l'extérieur de l'espace Schengen. En effet renseignements pris, on demande l¹avis d¹imposition de la personne qui accueille, trois quittances d¹électricité, une quittance de loyer, l¹état de salubrité du logement et la photocopie de la pièce d¹identité entre autres renseignements et 45 euros de timbres fiscaux. [ pour recevoir un-e ami-e, rappellons-le ! Le dit ami devant se déplacer ente deux pays voire deux continents avec toute cette paperasse accéssible sur lui] Et la mairie ou la préfecture peuvent ne pas autoriser l¹accueil. La France a vraiment perdu son aura de « terre d'accueil ».N'avons-nous plus le droit de recevoir nos amis étrangers sans en demander l'autorisation ? C'est une restriction de plus de nos libertés individuelles. Si comme moi vous êtes choqués et honteux faites passer ce courriel à tous vos amis. Merci
Yves Bellenand
58 rue Riquet
75019 Paris

Le récit de Solange França
Comme tous mes amis le savaient j'avais programmé d'aller à Paris en vacances, visiter un couple d'amis Yves et Riviane, fêter mon anniversaire, établir des contacts avec des instituts de recherches et d'enseignement et de réaliser mon rêve de connaître la France
Je suis partie d'Ilhéus le 9/4/09 à 12h32, destination Salvador de Bahia par le vol TAM 3680 (TAM LINHAS AERAS SA) puis de Salvador de Bahia destination Paris par le vol TAM 8068 arrivée à l' Aéroport Charles de Gaulle à 14 heures le 10 /04/2009.

Au sortir de l'avion dans l'aéroport CDG, j'ai été retenue pour la vérification des documents. J'ai été conduite sans aucune explication dans une salle de la police française (DPAF de Roissy). Une policière a alors demandé de vérifier mon passeport, mon billet d'avion de retour, l'argent disponible, l'attestation d'hébergement et mes assurances. Pour prouver mon hébergement j'ai présenté une attestation d'hébergement faite par Yves et Riviane Bellenand, ce couple d'amis qui devaient m'héberger durant tout mon séjour à Paris. Je lui ai expliqué que je n'avais pas d'assurances spéciales mais j'ai présenté ma carte d'assurance privée brésilienne, un bulletin de salaire émis par le gouvernement de l'état de Bahia datant de mars 2009, montrant que je suis en activité à l'Université de Santa Cruz à Bahia (Brésil) comme enseignante-chercheur.

Sans autres explications, j'ai été conduite avec deux autres personnes vers une autre salle de la police dans laquelle se trouvait déjà un autre brésilien. J'ai demandé des explications au policier à l'accueil mais il m'a dit de m'asseoir avec un ton de voix menaçant et agressif. A ce moment là, j'ai réalisé que j¹allais être expulsée de France et que je ne pourrais pas demander des éclaircissements parce que je craignais d'être considérée comme « agressive » ce qui pourrait aboutir à des événements encore plus graves comme par exemple être mise en prison sur le territoire français. Plus tard un autre policier a mis des gants et a demandé au brésilien de le suivre dans une autre salle. Dix minutes plus tard un autre brésilien a été aussi emmené. Après deux policières ont demandé à deux autres filles qui nous avaient rejoint d'aller dansune autre salle. Après ça a été mon tour.
Dans cette salle il y avait mon sac à dos et mon sac à main. J'ai dû mettre tout sur une table et m'éloigner de mes affaires et lesdeux policières ont tout fouillé. Elles ont confisqué mon passeport et mon argent (200 réals, 100 dollars et 1800 euros). A ce moment-là j'ai demandé à nouveau des éclaircissements sur l'expulsion mais une policière m'a dit de « fermer ma gueule » sur un ton menaçant. L'autre policière s'est alors rendue compte que je ne constituais pas un risque pour la sécurité française et qu'ils avaient commis effectivement un excès de zèle en m'empêchant de rentrer en France.

J'ai de nouveau présenté à cette policière mon bulletin de salaire mes trois cartes de crédit (Visa Ourocard Platinum, Mastercard Ourocard Platinum et Ourocard Gold toutes émises par laBanque du Brésil), l'attestation d'hébergement et des e-mails des professeurs et collègues de travail avec lesquels j'avais l'intention de m'entretenir durant mes vacances. En effet j'envisageais de faire un post-doctorat en France dans un futur proche.
J'ai montré l'e-mail du professeur Henri PLANA (professeur français à l'UESC - Université de l'Etat de Santa Cruz à Bahia, Brésil) qui est en ce moment en stage post-doctoral au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille), de Michel Jean DUBOIS (français, biologiste, qui travaille à Intervivos (http://www.intervivos.fr/) et de Marcelo DE PAULA CORREA chercheur brésilien, en stage post-doctoral au LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales). J'ai expliqué que je n'avais pas d'invitation officielle pour visiter ces laboratoires parce que j'étais en vacances, mais que, même en tant que touriste, et comme coordinatrice de recherches de l'Université j'allais aussi prendre des contacts professionnels pour envisager un post-doctorat et pour articuler avec des institutions françaises la soumission de projets dans le cadre du 7ème Programme pour l'Investigation et le Développement Technologique de la Communauté Européenne. Quand j'ai demandé à cette policière comment je pourrais inverser la situation, elle m'a informé que ce serait seulement possible grâce à une intervention de l'ambassade du Brésil en France, et que dans la salle ou j'allais être « détenue » il y avait un téléphone et que je pourrais m'en servir. La même policière m¹a donné le numéro de téléphone de l'ambassade (01 43 59 89 30).

J'ai été conduite dans une salle de détention ou il y avait déjà 5 autres personnes détenues. J'avais uniquement les vêtements que j'avais sur moi, un papier avec les numéros de téléphone de Henri et de Riviane et celui de l'ambassade. Mon sac à dos et mon sac à main sont restés par terre dans un couloir d'accès à cette salle et mon passeport et mon argent ont été retenus par la policefrançaise.
J'ai appelé le numéro de l¹ambassade qui répondait seulement avec un répondeur indiquant un numéro à contacter pour les urgences (06 80 12 32 24). J'ai laissé un message sur un deuxième répondeur pour expliquer ma situation. « Détenue dans un aéroport d¹un autre pays, désespérée, espérant une aide officielle du Brésil je n¹arrive à parler qu'à un répondeur ».
Avec un unique téléphone dans une salle de détention où se trouvaient maintenant quinze autres personnes j'ai enfin réussi à parler avec mon ami Henri qui était à Marseille en lui demandant de me venir en aide et de contacter l'ambassade du Brésil en France et avec mes amis Yves et Riviane qui se trouvaient à l¹aéroport Charles de Gaulle, essayant de résoudre le problème.

Le temps passait, quelques personnes désespérées, d'autres en larmes dans une salle pas propre et où il y avait seulement dixplaces assises avec un unique téléphone disputé par tous. L'énervement, le sentiment d'insécurité et le désespoir augmentaient. Je crois vers 17 heures (je n'avais pas de montre) on nous a apporté de la nourriture dans un sac : une boite de salade au thon,un morceau de pain, un paquet de chips, une bouteille d'eau et un dessert crémeux de bananes et pêches qui a servi a écrire lesnuméros de téléphones que nous obtenions sur le mur de la salle de détention (nous n'avions ni papier ni crayon !).
Vers 18 heures nous étions tous conduits de nouveau dans la salle du département de police où un interprète allait nous signifiernotre expulsion. Plusieurs personnes désespérées voulaient des éclaircissements mais en réalité c'était une formalité de plus qui était destinée à nous informer que nous quitterions la France par le premier vol et que la seule solution était de signer les termesdu « refus d'entrée en France » composé de 5 pages toutes écrites naturellement en français.

Puis on est retourné dans la salle de détention ou j'ai réussi à avoir au téléphone un fonctionnaire du consulat du Brésil qui étaitau courant de ma situation ayant écouté le répondeur et ayant parlé avec mon ami Henri. Il m'a informée qu¹il ne pouvait rien faire etque je devais retourner au Brésil. J'ai réussi à parler avec Yves et Riviane qui étaient toujours à l'aéroport et qui avaient déjà fait des tentatives inopérantes pour prouver qu'ils allaient vraiment m¹héberger chez eux.Vers 21 heures le 10 avril 2009 la police française m'a rendu mon argent et j'étais conduite avec 16 autres brésiliens escortés par 10 policiers français, à la porte d¹embarquement pour prendre le vol Tam JJ 8055 destination Rio de Janeiro.
En arrivant à Rio le personnel de la TAM - inefficace et montrant leurs préjugés - m'ont rendu mon passeport et j'ai été conduite à la police fédérale brésilienne pour ensuite prendre le vol TAM JJ 8068 destination Salvador de Bahia, et après le vol TAM JJ 3660 destination Ilhéus. J¹aurais dû avoir mes valises à l'aéroport de Rio de Janeiro mais je ne les ai pas encore reçues (le 13 avril) ! Enfin après plus de 75 heures pénibles mon amie Anna Cristina SHILLING m'attendait tendrement et avec solidarité à l'aéroport d'Ilhéus.

Je remercie beaucoup mes amis Henri Plana, Yves et Riviane Bellenand qui en France ont essayé de résoudre cet énorme problème.
Je remercie de leur solidarité mes amis français Yvonnick Le Pendu et Michel Jean Dubois et je remercie Anna Christina d'être toujours présente dans les moments difficiles.
Et maintenant je voudrais formuler quelques remarques et questions :

1)- L'agence de voyage brésilienne aurait dû m'informer des documents nécessaires pour le voyage. J'ai posé la question aumoment de l'achat du billet ;
2)- La compagnie aérienne pourrait informer ses clients des documents nécessaires pour le voyage en France
3)- L'ambassade et le consulat brésilien en France n'étaient pas ouverts le vendredi et la personne de garde ce jour là n'a pasmontré le moindre intérêt à résoudre la situation
4)- on ne peut plus visiter ses amis en vacances ? Est-il obligatoire de rester à l'hôtel ?
Ce message bien que long ne parvient pas à dire la grande frustration, la peur, l'insécurité, le manque de respect et les préjugés que j'ai vécus durant ces 75 heures.
Présentement je voudrais que les autorités brésiliennes et française prennent connaissance de « l'événement » que j'ai vécu et aussi donner des éclaircissements.
En fait, ce qui devait être un cadeau d¹anniversaire a généré beaucoup de souffrances.
Cordialement
Solange

Suite du récit de Yves Bellenant
Vendredi 10 avril , 14 heures, je suis à l'aéroport Charles de Gaulle venu accueillir notre amie brésilienne Solange França qui vient passer trois semaines avec nous. C'est l'occasion pour elle de fêter son 40 ème anniversaire et de prendre aussi des contactsprofessionnels en vue d'un post-doctorat. Solange est professeur-chercheur à l'Université Santa Cruz de Bahia.
L'avion s'est posé à l'heure.

15 heures, Pas de Solange !
15h30, j'interpelle un policier et lui demande si tous les passagers sont sortis de la salle de débarquement. « Non, il y en a encore en salle de police ! »
16 h, inquiet, je demande à un douanier qui passait s'il veut bien me dire si Solange França a quelque problème. IL revient dix minutes après « la personne est retenue par la police parce qu'elle n'a pas tous ses papiers en règle . Vous devez vous rendre dans la zone de fret 1 à ZAPI 3»

Aucune indication dans la zone de fret 1 ne signale la ZAPI 3 ! Je finis par trouver .
Là j'expose la situation et on me dit qu'on ne peut me donner aucun renseignement les personnes détenues n'étant pas encore transférées en Zone de détention. Elle me donne unnuméro de téléphone à appeler entre 19 h et 20 h et me fait comprendre que je ne peux rester là.

Vers 18h nous réussissons à avoir la ZAPI au téléphone « deux problèmes : attestation d'hébergement non officielle et problème d'assurances. » Nous arrivons devant la grille de la ZAPI à 19 h 20. Là, « c'est fermé revenez demain matin à 8 h. » Une pancarte signale les horaires de « visite » de 19 h à 20 h. Nous nous rendons à l'aéroport et nous demandons à voir l'officier de police de quart. Nous expliquons à un policier que nous n'étions pas au courant de l'attestation d'accueil délivrée par la mairie ou la préfecture mais que nous avons fourni une attestation d'hébergement sur papier libre. L'officier de quart dit « impossible ! »
Notre amie a été renvoyée dans son pays à 21 h 50 sans qu'on ait pu la voir !

1 commentaire:

  1. C'est lamentable!
    France pays de fachos!
    Et qu'on ne vienne pas me dire que je fais des amalgammes et des raccourcis!

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