jeudi 20 septembre 2007

Montre-moi ton ADN, je te dirai où tu peux aller... ou pas.

Le collectif "Sauvons La Recherche" mobilise contre le contrôle génétique de l'immigration.
Non au contrôle génétique de l’immigration
le 17 septembre 2007
L’utilisation de tests génétiques pour contrôler l’immigration, actuellement en discussion au Parlement, constituerait une mesure régressive profondément choquante, car elle viserait à discriminer une certaine catégorie de la population, et ouvrirait insidieusement la porte au fichage génétique.
Alors que ce projet est encore en débat, vous trouverez ci-dessous un appel à signature, demandant à nos élus de voter non à ce texte. Vous trouverez également ci-joint les communiqués de la Ligue des Droits de l’Homme et de la FIDH, qui dénoncent également vigoureusement cet amendement.
APPEL AUX PARLEMENTAIRES
Selon la loi actuellement en vigueur en France, les tests génétiques ne sont utilisables qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique, ou après une saisine judiciaire. Les résultats de la recherche peuvent permettre certains progrès, mais aussi des utilisations inacceptables. Il serait aberrant que la loi favorise ces dernières. Pour la communauté scientifique, cela constituerait un détournement dangereux du fruit de leurs travaux, qu’elle doit dénoncer.
Or, un amendement à la loi sur l’immigration et le regroupement familial a été voté en première lecture le 12 septembre 2007 à l’Assemblée Nationale. Selon cet amendement, les autorisations à un tel regroupement pourraient se fonder sur des tests de filiation biologique, le plus souvent de paternité. Sa justification serait que lorsque des travailleurs immigrés en situation régulière veulent faire venir leurs enfants en France, l’administration n’est pas toujours certaine qu’il s’agisse exclusivement de leurs enfants biologiques. Si les parents qui souhaitent légitimement un regroupement familial peuvent payer environ 1000 € le test génétique, selon cet amendement, ils auraient leurs documents en règle plus facilement, bien qu’exclusivement pour les enfants du même sang qu’eux.
En France, les législateurs ont souligné l’importance du fait que le lien de filiation ne pouvait en aucun cas se réduire à sa dimension biologique. L’importance de ce principe est évidente lorsque l’on songe aux enfants adoptés ou aux familles recomposées. Ce principe cesserait-il d’être important pour ceux qui ne sont pas nés en France ? Le droit à vivre en famille, reconnu par la convention européenne des droits de l’homme, serait-il réservé aux Français ou à ceux qui ont les moyens de payer des tests génétiques, présentés avec une hypocrisie certaine comme non obligatoires, mais qui deviendraient vite indispensables ? Ignore-t-on que ce contrôle suplémentaire engendrerait immanquablement des trafics de documents et autres irrégularités ?
En contribuant une fois de plus à stigmatiser les candidats à l’immigration et sous prétexte de réduire un désordre, cette disposition en créerait un autre, infiniment plus grave, car il entamerait pernicieusement des principes éthiques, et ouvrirait la porte au fichage génétique de certaines catégories de la population. L’histoire nous a appris à quels désastres s’exposent les peuples qui acceptent de rogner peu à peu leurs principes éthiques, de banaliser l’inacceptable.Nous, soussignés, demandons solennellement à nos représentants au Parlement de voter contre l’adoption définitive d’un texte inacceptable, qui ouvrirait la porte à d’autres abandons.
Libération
mardi 18 septembre 2007
Evénement Immigration: touche pas à mon ADN
Scientifiques, associations et politiques dénoncent l’amendement conditionnant les regroupements familiaux à un examen génétique.
Par C. B., C.C. et F.Ta.
En colère, les chercheurs. Pas sur des questions de financement des labos. Mais sur l’éthique. Le collectif «Sauvons la recherche» (SLR), né de la ­fureur des scientifiques confrontés à une réduction sans précédent des moyens alloués à la science, appelle à une mobilisation contre l’amendement Mariani inscrit dans le projet de loi sur l’immigration dont l’examen parlementaire débute aujourd’hui. Cet amendement, adopté le 12 septembre par la commission des lois de l’Assemblée ( Libération du 14 septembre), prévoit que les autorités françaises pourront inciter les candidats au regroupement familial à fournir un test génétique prouvant leur filiation, réalisé à leurs frais. Cette mesure «optionnelle» est présentée comme un moyen de débusquer les demandes fondées sur des états civils frauduleux.
«Bombe», elle est «inacceptable» et constitue «un détournement dangereux» des travaux scientifiques, estime le collectif de chercheurs conduit par le biologiste Alain Trautmann.
«SLR» dénonce un texte en contradiction avec les fondements de la loi française de bioéthique. Cette loi, révisée en 2004, stipule que les tests de filiation ne peuvent être réalisés que dans le cadre d’une procédure judiciaire. Elle veille à ne pas réduire le lien de filiation à un lien de sang et évite la banalisation d’un test génétique susceptible de multiplier les drames - les généticiens estimant qu’entre 5 à 10 % des enfants sont adultérins, en France…«Xénophobie d’Etat». Cet amendement déposé par Mariani méprise cette précaution : «Ce projet de loi est une bombe, tempête le généticien Axel Kahn. Il crée un précédent redoutable : demain, on demandera aux candidats à la nationalité française par filiation de fournir un test ADN !»
Dans la sphère associative, aussi, les réactions d’opposition se sont multipliées. Amnesty International France «émet les plus expresses réserves sur l’utilisation [des tests ADN]». France Terre d’Asile dénonce «une politique de coups » à six mois des élections municipales. Et pour SOS Racisme «se profile non seulement une vision écœurante de relent colonial mais également la première phase de la mise en place d’une vision ethnicisée de la société française». La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH) parlent d’une «xénophobie d’Etat». La LDH et le Réseau éducation sans frontière vont demander un rendez-vous à Nicolas Sarkozy.
Du côté du gouvernement, l’ouverture a touché ses limites. Fadela Amara, la secrétaire d’Etat à la Ville, a critiqué une initiative «qui jette l’opprobre sur les étrangers qui veulent venir chez nous». Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, a admis que la politique d’immigration «ne recueille pas [son] adhésion». Les socialistes ont annoncé qu’ils voteraient contre un amendement «scélérat». Seul député UMP - avec François Goulard - à s’être opposé à ce texte, Etienne Pinte note «la grande prudence du gouvernement. Si cet amendement était une bonne idée, il l’aurait introduit lui-même dans le projet de loi».

1 commentaire:

  1. Sans compter qu'encore une fois on définit la famille par le génétique alors que c'est avant tout du social.
    Et puis c'est signifier clairement que les étarngers veulent avant tout tricher (déjà que la plupart du temps on les traite de voleurs !)Et puis c'est incriminer les enfants dans cette affaire, comme si les problèmed'immigration clandestine c'était d'abord les problèmes des enfants !! D'autant plus qu'on balaye d'un revers de main les conséquences ! Imaginez un enfants "non légitime" qui ne peut pas rejoindre son père ou sa mère : que devient-il ? orphelin ? privé de ses parents, frères et soeurs ? C'est juste dégueulasse !!
    Ce retour en force du "génétique-à-tout-prix" a vraiment des relands d'obssession de pureté des origines, déjà vu, trop vu même.

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