mardi 5 février 2008

Totor n'a pas tort

ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC VICTOR HUGO *

Vous semblez vous tenir très informé de l'actualité politique française. Quel regard portez-vous sur notre nouveau président ?

Victor Hugo : Depuis des mois, il s'étale ; il a harangué, triomphé, présidé des banquets, donné des bals, dansé, régné, paradé et fait la roue. Il a réussi. Il en résulte que les apothéoses ne lui manquent pas. Des panégyristes, il en a plus que Trajan.
Une chose me frappe pourtant, c'est que dans toutes les qualités qu'on lui reconnaît, dans tous les éloges qu'on lui adresse, il n'y a pas un mot qui sorte de ceci : habilité, sang-froid, audace, adresse, affaire admirablement préparée et conduite, instant bien choisi, secret bien gardé, mesures bien prises. Fausses clés bien faites. Tout est là. Il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui il remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète.

Derrière cette folle ambition personnelle décelez-vous une vision politique de la France, telle qu'on est en droit de l'attendre d'un élu à la magistrature suprême ?

Victor Hugo : Non, cet homme ne raisonne pas ; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. La toute-puissance serait fade si on ne l'assaisonnait de cette façon.
Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit, et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve si énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve quelque surprise. On se demande : comment a-t-il fait ? On décompose l'aventure et l'aventurier.On ne trouve au fond de l'homme et de son procédé que deux choses : la ruse et l'argent.
Faites des affaires, gobergez-vous, prenez du ventre ; il n'est plus question d'être un grand peuple, d'être un puissant peuple, d'être une nation libre, d'être un foyer lumineux ; la France n'y voit plus clair. Voilà un succès.

Que penser de cette fascination pour les hommes d'affaires, ses proches ? Cette volonté de mener le pays comme on mène une grande entreprise ?

Victor Hugo : Il a pour lui désormais l'argent, l'agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort et tous les hommes qui passent si facilement d'un bord à l'autre quand il n'y a à enjamber que la honte.Quelle misère que cette joie des intérêts et des cupidités.
Ma foi, vivons, faisons des affaires, tripotons dans les actions de zinc ou de chemin de fer, gagnons de l'argent ; c'est ignoble, mais c'est excellent ; un scrupule en moins, un louis de plus ; vendons toute notre âme à ce taux !
On court, on se rue, on fait antichambre, on boit toute honte, une foule de dévouements intrépides assiègent l'Elysée et se groupent autour de l'homme. C'est un peu un brigand et beaucoup un coquin. On sent toujours en lui le pauvre prince d'industrie.

Et la liberté de la presse dans tout ça ?

Victor Hugo : Et la liberté de la presse ! Qu''en dire ? N"est-il pas dérisoire seulement de prononcer ce mot ? Cette presse libre, honneur de l'esprit français, clarté de tous les points à la fois sur toutes les questions, éveil perpétuel de la nation, où est-elle ?
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*Toutes les réponses de Victor Hugo proviennent de son ouvrage « Napoléon le Petit », le pamphlet républicain contre Napoléon III.
Un autre lien ici sur le sujet.

6 commentaires:

  1. je l'ai déjà signalé ailleurs mais j'ai l'idée :
    je n'attends rien de ce président, j'ai voté contre lui à défaut de pour qqu'un d'autre, et pour le moment, on peut dire que je ne suis nullement déçu par lui ! si j'étais sondé par l'un de ces organismes spécialisés dans l'éolienne politique, comment devrais-je répondre à la question «êtes vous satisfait par l'action gouvernementale par rapport à vos attentes ?»

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  2. C'est clair!! Tout à fait exact.
    Moi aussi je ne saurais que dire vu que je suis un peu dans la même situation que toi ô lecteur!
    Et je me dis: et si c'était ça qui faisait baisser les stas' du Nabot dans ces fameux sondages-éoliens-politiko-vaseux(Line)?????
    Ah! mais tout s'explique alors!!!! :))))

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  3. Hum, puis-je suggérer que la baisse du nabot dans les sondages puisse également être le fait qu'il couche avec l'un des fantasmes masculins les + en vue actuellement, d'où jalousie des sondés qui se sentent un peu "entubés" du coup ??

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  4. Ha! Ha! Pourquoi pas? Cette hypothèse vaut tout autant que l'autre et on reste dans le vaseux (Line)...
    Amis de l'humour gras, bonsoir!

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  5. bon, en même temps, il baisse dans les sondages parce qu'il dit plein de choses, son contraire, et que le "bon peuple" n'a pas plus à dépenser pour autant pendant que môssieur se fait par mois dans les 45000 euros de revenus (salaires + retraites - je parles pas d'intérêts ou autres) en demandant aux autres de se serrer la ceintures. bon, d'accord, il est président, mais en tant que 1er employé de france, ne devrait-il pas montrer l'exemple ??

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  6. Montrer l'exemple????? Mais dis-donc, t'es resté un sacré idéaliste toué!!!!!
    Au fait tu sais que le Père Nouël n'existe pas?

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