mercredi 19 mars 2008

A l'assaut du statut des nantis-privilégiés

Redescendons sur terre après la vaguelette rose bonbon des élections municipales. Tout le monde l'a vu, lu ou entendu, la droite tire les leçons de ce vote : les français veulent que les réformes s'accélèrent en votant à gauche ou en s'abstenant.
Cette logique implacable, qu'apprécierait sans doute l'auteur des méditations métaphysiques, soutient donc la poursuite des réformes, toujours dans la transparence et le débat démocratique, au sens étroit dans lequel cette droite comprend ces termes.
Et voilà que je reçois ce matin dans ma boîte mail l'annonce de la réforme du statut des fonctionnaires. Déjà écrite, déjà prévue pour être mise en débat devant les assemblées sous peu, et transmise aux syndicats (quand même !) pour avis (consultatif, on s'en doute)

Désolée les amis mais les lignes qui suivent ne sont pas réjouissantes : il va falloir faire des stocks de gros godillots bien solides pour arpenter les rues dans les semaines à venir et prendre des actions chez des producteurs de miel (bio si possible) pour adoucir nos voix enrouées par les cris de protestation.
En gros le chômage technique guette l'agent feignasse qui n'aura pas retrouvé d'affectation suite à un redéploiement. La continuité du service public, sera, elle, assurée par le recours à l'intérim. Ben oui ça coûte bien moins cher...
Ha ! je les vois déjà, comme dirait Brel, oui je les vois déjà tous, ceux qui hurlent à la prise d'otage à chaque grève, ceux qui parlent de liberté de travailler, je les vois se réjouir qu'enfin ces nantis de fonctionnaires soient obligés de se mettre à bosser. Je les entends crier au corporatisme et à la défense des privilèges... Ha! ça, quand la main droite et la main gauche de l'état s'inversent comme dirait Bourdieu, même le plus progressiste devient un conservateur.

Et qui en parle ? Marianne !
On n'en attendait pas moins des autres médias en général et de celui-ci en particulier bien évidemment.
Ça va faire l'effet d'une bombe, donc il faut relayer l'info. N'hésitez pas à faire circuler l'article de Marianne en précisant bien que ce n'est pas une blague.

L'article en ligne comporte, fort judicieusement, l'exposé des motifs du projet de lois et l'intégralité du texte. Mis à disposition du lecteur-peuple-électeur, comme le voudrait une forme de démocratie active, participative dont on est si loin, dont on s'éloigne un peu plus chaque jour que Sarko fait...

Marianne dévoile le projet d'un nouveau statut des fonctionnaires:

Exclusif : le gouvernement écorne la garantie de l'emploi des fonctionnaires

Le nouveau statut des fonctionnaires ne permet pas de les virer. Mais en les privant de traitement après deux ans de recherche de nouveau poste, il leur faut trouver eux-mêmes un nouveau job dans le privé ou le public. Explications et textes de loi.
Le gouvernement va transformer profondément le statut de la fonction publique et remettre en partie en cause la garantie de l'emploi des agents de l'Etat. Un projet de loi «relatif à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique», élaboré par le Ministère du Budget, a été approuvé par le Premier ministre et a été transmis pour avis aux organisations syndicales, avant d'être soumis aux débats du Parlement. Ce texte donne au gouvernement les outils indispensables à la mise en œuvre de sa politique de réduction des effectifs dans l'administration centrale.
En particulier, l'article 7 organise de facto la possibilité de mettre au chômage technique et sans indemnités tous fonctionnaires d'Etat qui dans le cadre d'un redéploiement n'aurait pas trouvé de nouvelle affectation. L'agent sera dans un premier temps intégré dans un système de formation professionnelle pendant une durée de deux ans maximum durant laquelle il touchera au moins son traitement de base. «Au terme de cette période (…), celui-ci peut-être placé d'office en disponibilité». Autrement dit, s'il veut continuer à toucher un salaire, il doit se trouver lui-même un autre job, soit dans l'administration, soit dans le privé. Ce qui constitue une règle totalement inédite dans le corps des fonctionnaires et modifie le statut de la fonction publique.
Le texte prévoit (article 9) aussi d'avoir recours, à l'intérim pour assurer la continuité du service public. Dans ce cas, les usagers pourraient se retrouver face à un personnel dont l'Etat n'est pas l'employeur, mais le client. Ce recours à l'intérim est pour l'heure encadré : vacances d'emploi, besoins occasionnels, saisonniers ou surcroîts d'activité. Mais ce dispositif constitue déjà une brèche vers une sous-traitance accrue de certaines missions de l'Etat. On attend avec impatience les réactions des syndicats. A suivre, donc.


Perrine Cherchève et Emmanuel Lévy

PS : Sinon, en regardant une émission un peu débile, j'ai appris que les ministres présents lors de l'hommage au dernier poilu, ainsi que nôtre président, avaient communiés !

Bon visiblement ça n'a choqué personne, poutant il s'agissait bien d'une cérémonie officielle (funérailles nationales), donc républicaine, enfin je crois...

Allez, haut les coeurs !

7 commentaires:

  1. J'aime bien ton style là, ma soeur, tu n'y va pas avec le dos de la cuillère, et c'est bien, de devenir un peu plus incisive... J'vais finir par croire que tu as une dent contre les néo-libéraux...!

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  2. C'est enorme...et pourtant , ce n'est pas surprenant.L' assemblee est toujours ump en majorite , et il ne faut pas compter sur les "roses" pour s'opposer a ce style de reformes liberales : n'ont ils pas favorise le passage du traite de lisbonne (qui preconise le demantelement des services publics)?Reste les syndicats...S'il n'y a pas de reactions,on peut trouver une explication a la disparition des 19 milliards de l'UIMM...C'est un plaisir de vous lire ...Mais pas facile de poster des comm', ici!A+ Sergai13

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  3. J'ai enfin trouvé ma vocation, après plus de dix ans d'études, je veux devenir .... intérimaire !

    C'est LE métier d'avenir je pense.

    Et là c'est la drame de la question existentielle : pourquoi encourager les jeunes à poursuivre des études à bac + 3 ou bac + 5 ??...

    Allô Déscartes ??

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  4. Oui, tu as raison Sergai... Ce n'est pas facile de poster des commentaires sous blogger, système con (très con) qui oblige à prendre un compte google, bref qui fiche et refiche, et VLAN tu te retrouves bien coincé dans le système!!! Mais je ne suis pas calée pour changer la boîte de commentaires. Je sais que certains l'ont fait mais, je ne sais pas comment, donc si quelqu'un qui passe par là a un tuyaux pour bidouiller la feuille de style de blogger: merci!
    Bon j'ai quand même ouvert les commentaires, ce qui est un tout petit plus...
    Sinon, je te rejoins sur ce que tu exposes au sujet des "roses"... Le traité de Lisbonne je l'ai encore en travers, ainsi que Nice et tout le toutim.... Jospin et son gouvernement sont ceux qui ont fait le plus avancer les accords préconisés par l'OMC via le texte de l'AGCS... Quant aux syndicats, bien que moi-même syndiquée dans mon boulot, je reste dubitative, souvent j'observe qu'il y a là aussi luttes de pouvoir sans tenir vraiment compte des revendications de la base (cf. problème des retraites par répartition)... Je pense qu'il vaut quand même mieux compter sur soi que de déléguer... Mais bon, merci de tes encouragements, car ce qu'on écrit ici, ça revient à peu près à pisser dans un violon pour en tirer des symphonies... ;)

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  5. Ma soeur, à bac + 5, tu feras un intérimaire surqualifié, c'est à dire comme moi! Bienvenue au club!!!!!

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  6. A part ça, ils nous parlent de relever les cotisations CRDS (si je ne m'abuse)... Super la soit-disante leçon tirée de la chute du pouvoir d'achat...
    Enfin, c'est paraît-il à cause du déficit public. Qui doit tourner autour de 2 %, un abîme soit-disant ! Ah bon ? 2 % de déficit, cela doit être le plus faible déficit depuis 30 ans. On ose nous faire croire que les caisses sont vides. On est en réalité dans du libéralisme pur qui voudrait que l'Etat dégage un excédent (ce que même les USA n'arrivent pas à faire). Une logique certes enviable sur du long terme (cela réduit la dette et permet d'éviter de consacrer des sommes folles pour rembourser les annuités de la dette, 2 ou 3e poste de dépense de l'Etat), mais c'est totalement intenable en période de quasi récession, comme actuellement. La plupart des économistes s'accordent là dessus. Même les Britanniques et les Américains engagent depuis ces dernières années des politiques d'essence keynésienne (relance par l'investissement public dans la recherche, les infrastructures, la santé ou l'éducation)...
    PS : sympa ton blog, merci d'être passée chez moi, je découvre ! :-)

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  7. Merci de cet encouragement. L'info et le texte que tu commentes étaient de ma soeur. Je suis d'accord avec l'avis que tu donnes, en particulier pour ce qui est des politiques keynésiennes, qui sont vraiment le comble du libéralisme, si l'on peut dire...
    Ciao!

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