lundi 11 janvier 2010

Faut-il nettoyer (au kärcher) la tête de Fadela Amara?

Pour lui apprendre le sens des mots?
Voilà la question que je me pose (et qui n'est en aucun cas une opinion ou une vérité) en apprenant qu'elle reprend à son compte et justifie dans une interview au Progrès l'expression "nettoyage au kärcher" du Petit Nicolas.
Avant que Fadela se mette à aboyer en suivant la voix de son maître, il serait peut-être bon de lui acheter un dictionnaire étymologique de la langue française, de lui faire subir une légère lobotomie et de nettoyer un peu son cerveau encombré de bêtise pour y placer quelques rudiments de savoirs linguistiques. Ainsi elle apprendrait peut-être à parler d'une part et ensuite à comprendre le sens de ce qu'elle dit.
Mais revenons à cette belle expression, si imagée et si représentative d'une France de droite décomplexée: "nettoyage au kärcher", et essayons d'en démêler l'écheveau signifiant.
D'abord cette image implique de la violence, parce qu'elle renvoie à une technique de nettoyage par haute pression agressive, qui élimine définitivement toutes les salissures les plus incrustées d'un objet donné. D'autre part, la violence est redoublée par l'association d'êtres humains aux déchets que le kärcher fait disparaître. Eliminer des êtres humains par une technologie violente et définitive, on sait à quoi cela peut mener.
Pour aller plus loin on peut réfléchir aux différents sens et à l'étymologie du verbe "nettoyer".
Ceux qui ont le temps pourront lire avec plaisir cette belle définition qui me semble complète et surtout bien mieux rédigée que je n'en suis capable.
Il est intéressant de savoir que le verbe "nettoyer" a son origine dans le latin "nitidare" qui a donné en ancien français le verbe "nier": étymologiquement "nettoyer" et "nier" son liés, et en effet, n'est-ce pas chercher à "nier" la saleté, que de vouloir s'en débarrasser par l'action de "nettoyer"?
"Nettoyer" est un verbe transitif, qui supporte un complément d'objet direct: on nettoie quelque chose. Là aussi, la grammaire nous apporte une aide précieuse pour le sens, car l'action d'un verbe transitif est mise en valeur par rapport à son complément d'objet, qui lui, subit l'action, en endure les effets et leurs conséquences. Si on dit "J'ai nettoyé ce plat et il est propre", "le plat" est un élément passif, réduit d'une part à être l'objet d'un verbe d'action, et d'autre part soumis à un constat, par le truchement d'un verbe d'état, lors de la résultante de l'action.
La grammaire nous montre ce qu'il en est de l'autorité unilatérale implicite, que récèle l'action de "nettoyer".
Enfin, et c'est là le plus piquant, si on s'intéresse aux sens de ce verbe, on ne manque pas de remarquer comme ils sont riches d'enseignement.
Au sens propre, le verbe "nettoyer" désigne l'action qui constiste à rendre propre, net à se débarrasser de la saleté.
Au sens figuré, il se connote tout de suite d'une valeur morale péjorative: "évacuer, faire disparaître les indésirables, au besoin en les supprimant", qui s'associe au fait que les indésirables sont des êtres vivants, voire des être humains, par exemple dans les expressions "nettoyer la tranchée", "nettoyer la place des manifestants".
Le sens figuré du verbe nous amène à nous interroger sur ce que sont les "indésirables" dont on veut se débarrasser, sur ce qui fonde leur "saleté" et ce qui nous les désigne comme "impurs" ou "corrompus". Sur quelles valeurs morales pouvons-nous justifier l'action de "nettoyer" un quartier, une banlieue, une tranchée ou... un peuple? Ne parle-t-on pas de "nettoyage ethnique"?
Alors je m'interroge donc, sur ce que certains de nos édiles (n'oublions pas que ce sont les représentants du peuple...) livrent aux micros ou aux pages des médias en bavassant sans se rendre compte du poids des mots qu'ils utilisent.
Fadela Amara se rend-elle compte du degré de racisme, de xénophobie, de rejet de l'autre, de violence et d'abjection morale, que l'expression qu'elle utilise recèle? Elle a pourtant validé l'interview nous dit Rue89. A-t-elle vraiment idée des origines, des implications que cette expression entraîne, des idéologies qu'elle cautionne en la reprennant à son compte et de la manipulation à laquelle elle contribue, tout en étant un pion dans le système?
"Nettoyer au kärcher", c'est répondre à la violence par la violence, désigner à la vindicte populaire sans jamais la nommer une "nébuleuse" qui sert de bouc émissaire et qui justifie le recours à la répression, semer le doute dans les esprits en jouant sur les amalgames et les peurs inconscientes d'une population aux abois en temps de crise économique, proposer des solutions de choc qui frappent les esprits et les impressionnent en véhiculant de l'angoisse, utiliser les journeaux comme des tribunes, les médias audiovisuels comme des porte-parole, sans jamais affronter un contradicteur, sans aucun débat de fond, faire croire qu'il n'existe qu'une parole bonne à écouter, tout cela, on l'a déjà vu, entendu, lu, dans les années trente.
Je grossis volontairement le trait parce qu'il me semble que cette politique de droite frise avec des méthodes propangandistes dont nous avons déjà vu les conséquences par le passé et auxquelles on avait dit :"plus jamais ça".

5 commentaires:

  1. j'ai toujours pensé, depuis le début que c'était une opportuniste, certains la croyaient de gauche, je ne m'y suis jamais laissé prendre !! c'est une bavarde qui ne sait pas trop jusqu'où elle peut aller - et si elle n'a trouvé que cette solution , c'est qu'elle n'est pas très intelligente, on attendait mieux

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  2. Rien à rajouter. Tout simplement indigne de sa fonction. Un maire de droite d'une ville de la région parisienne avait déjà testé il y a quelques temps le nettoyage des sdf à coup de produit répulsif...

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  3. Quel super article! J'ai bu chacun de tes mots. Quant à Fadela, déjà qu'elle était inutile et n'avait l'air de rien, là elle s'enfonce encore un peu plus. Je crois que ce n'est pas la première énormité de cette soi-disant "caution banlieue" qui est en fait une belle connasse..

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  4. @ Anonyme: dommage qu'on ne sache pas qui tu es, merci pour ton commentaire
    @ Elise: yep :-)
    @ Pouv: j'aime quand tu kiffes mes billets :-)

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  5. Fadela Amara vient de banlieue et sa famille est française depuis peu de temps. Elle est sans doute la première secrétaire d'Etat de l'histoire de France à combiner ces 2 propriétés. Ne l'oublions pas !

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