dimanche 7 décembre 2008

Le bons sens n'existe pas

Je viens de me faire rappeler à l'ordre par le Mangin Palace qui a pointé en fin d'émission la réaction de Rachida Dati pour justifier les propositions d'un rapport qui recommande l'abaissement de la responsabilité pénale des mineurs à l'âge de 12 ans. Cela relève du bon sens a-t-elle répliqué ! Comme disait M. Le Mauduit dans le Mangin Palace : le niveau zéro de l'argumentation. Et puis le bon sens de qui, de quoi ? Par rapport à quel "mauvais sens" ?

Alors maintenant, il n'y a même plus besoin de se poser de question sur la raison des décisions politiques, c'est évident, c'est le bon sens. Pas besoin de rentrer dans un débat, surtout pas politique, le bon sens est apolitique, universel et tout le monde le comprend.

Utiliser le bon sens comme argument pour un homme-une femme politique c'est la démission de l'objectivité et de la prise de recul, c'est la subjectivité individuelle en lieu et place de la réflexion collective pour déterminer l'intérêt général.
Le bon sens c'est s'accorder sur le fait que c'est le dernier qui a parlé qui a raison, et plus son autorité est considérée comme légitime, moins ce que "ce dernier" dit est susceptible d'être critiqué, ou mis en cause. Quand une personne occupe une position d'autorité, un ministre par exemple, sa parole n'a pas la même valeur : elle "pèse" davantage que celle du quidam, du fait de cette position légitime, reconnue, ou en tout cas à laquelle il est accordé une publicité plus large. On peut penser que cette position impose à celui qui l'occupe une certaine responsabilité des actes et des propos qu'il-elle tient en son nom.

Mais avec le bon sens de Rachida, c'est en définitive l'adage populaire selon lequel " la raison du plus fort est toujours la meilleure" qui gagne, simplement parce qu'elle le dit et qu'elle représente une autorité politique au nom de laquelle elle parle.
Qu'est-ce que la raison a à voir la dedans ? Faut-il s'attendre à ce que d'autres décisions ou prises de position soient justifiées par le bon sens : la descente des gendarmes au collège de Marciac, la détection de la violence des enfants, l'incarcération dès 12 ans, le fichage tout azimut, le rétablissement de la peine de mort?... C'est pour votre bien, pour le bien de tous, comme dans Harry Potter?
Voilà le niveau de réflexion de la Sinistre de la Justice.

Cet épisode peu glorieux doit rappeler qu'il faut toujours rester vigilant face aux évidences (toujours fausses selon Bourdieu) et à leurs corollaires "gros bon sens" et autre "fatalité" qui naturalisent la subjectivité comme fondement de la raison et nous font doucement glisser vers l'acceptation complice du pire.

6 commentaires:

  1. Ce type d'argumentaire et de raisonnement me rappelle la triste période de Vichy et les idées colportées par leurs intellectuels de droite de l'époque.

    Mais quand on fait des liens historiques entre les discours d'aujourd'hui et ceux d'hier, il y a toujours des petits malins pour dire que c'est un amalgame et que l'on mélange des choses qui ne sont pas comparables.
    Pourtant, l'idéologie de droite maurassienne par exemple, ou les thèses de Renan, ont toujours leurs adeptes et leurs défenseurs.
    Les méthodes de diffusion de ces idéologies ont changé, les méthodes de propagande aussi.
    Un exemple parmi d'autres que j'ai zappé au moment où il s'est produit, c'est ce qui s'est passé à La Garenne Colombe, où la mairie UMP a voté l'adoption du nom de Kleber Haedens pour un collège public...
    Tollé dans l'opposition et pétitions, rien n'y fait, même pas le billet de Pierre Assouline sur le sujet qui montre quand même comment cet écrivain fait partie de la culture de droite et des intellectuels du régime de Vichy...
    Voilà comment ça se passe, tout en douceur et de façon déconcentrée, éparpillée... Le nom d'un collège ici, la petite phrase de Dati par-là... Les gens n'ont pas le temps et les moyens de faire le rapprochement.
    Quand on le fait, la plupart nient l'évidence "on n'est pas dans un régime fasciste, tu exagères".
    Je pense que le fascisme s'est adapté aux nouvelles formes de pensées économiques et intellectuelles de notre époque.
    Je pense qu'on glisse lentement mais sûrement vers un régime fasciste.
    Et ce qui est déplorable, c'est qu'il y ait si peu de personnes pour analyser ces discours et les dénoncer, et beaucoup plus de gens pour critiquer qu'on puisse voir la situation actuelle comme une dérive fasciste.
    Comme si le mot faisait peur, comme si on ne voulait pas voir les choses en face.

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  2. Vous êtes pleines de bon sens, Mesdames !!
    Ce qui fait que la parole d'un ministre a plus de "valeur" que celle d'un quidam, c'est qu'il est sensé (d'où le bon sens ?) avoir "réfléchi" à son sujet, avec l'aide de tout son staff, de conseillés avisés, de gens pratiquant un métier en "logue"...
    Mais cette réflexion ne s'acquière pas dans les boutiques des champs élysées.
    Aussi, peut-être est-ce un signe du caractère fasciste de ce gouvernement, mais voilà le 1er président depuis bien longtemps qui n'avoue aucune passion artistique, littéraire...

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  3. Le pire, malheureusement reste à venir. Le bon sens de notre chère ministre fait partie des nombreux prémices de la catastrophe que je sens poindre.
    En effet, j'habite un village de 800 habitants, à la frontière belge. Si si, la région si bon enfant décrite par l'excellent Dany Boon, devenu la pute des médias et le pire ambassadeur de la région nord pas de calais.
    Ce petit village, d'aspect bucolique, avec sa rivière, son petit pont et son clocher pourrait être digne d'une chanson signée de l'autre tanche d'yves duteil s'il ne renfermait pas une misère indescriptible. En effet, ancien village dortoir de mineurs, la population active doit avoisinner les 25% de chômage. Ceux qui travaillent, n'ont pas un salaire extraordinaire. Les gosses en hiver qui n'ont rien à se mettre sur le cul, je vous jure que c'est pas une image d'épinal. Zola, à coté, c'est la comtesse de Ségur.
    Même en période économique euphorique, ces gens ont toujours été des laissé-pour-comptes.
    Alors là que ça va être la merde à l'échelle internationale, ça va pas être joli à voir.
    Il faut reconnaître, que Sarko et toute sa clique ne sont pas entièrement responsables de tout ce bordel, mais ils cautionnent le système qui en est à l'origine. Le pouvoir des actionnaires qui, je pense, a fait son temps. Nous allons vivre un grand moment historique, la fin d'un système, voire d'une civilisation. Faut-il s'en réjouir? Égoïstement, j'aurais préféré que l'inéluctable se passe plus tard car on va peut-être accoucher d'autre chose de mieux, j'en doute, j'ai trop regardé l'histoire, mais ça va se faire dans la douleur.les "jeux du cirque" ça va 5 minutes, la starac' et le loto sportif ne suffiront pas à calmer le bon peuple. Il va falloir trouver le pain. Et comme ils aiment les adages populaires, en voila un:"quand y'a plus de foin dans les rateliers, les chevaux se battent. Ca va sentir les années 30 en Allemagne dans pas longtemps, mon beau petit village a déjà flirté pas mal avec le front nat. 40% aux avant-dernières présidentielles. Pour l'instant, ils ont l'air miteux, mais j'espère qu'un jour ils ne se transformeront pas en race des seigneurs (il suffirait d'un excellent fédérateur, la force vive est déjà là)
    J'en veux au gouvernement, aux socialos bobo, à tous ces politiques trop occupés à se regarder le nombril, ou à gérer leurs propres ambitions et surtout d' être si cons qu'ils ne réalisent même pas qu'à 200 KM de Paris s'érige déjà l'échaffaud qui leur coupera la tête, et nous plongera dans un désastre terrible.
    On a tort de croire que ce genre de choses ne peut plus arriver. Il y a seulement 63 ans, on s'étripait encore comme des sauvages en Europe, sans compter plus récemment, les Balkans.
    Mesdames et messieurs les politiques, quelque soit votre parti, arrêtez la provoc : débauche de luxe, débauche verbale ou lois iniques et absurdes ( 12 ans en taule) Madame Rachida Dati, rien que pour ça, je vous mettrais bien en prison, mais votre bébé verrait le jour derrière les barreaux, je ne puis l'accepter, je respecte bien trop la vie et la liberté, surtout celle des enfants. De toutes façons, vos flics vont bientôt être occupés à mater les émeutes futures.
    Si l'hormone de la grossesse pouvait vous faire arreter de dire des conneries.

    Benoît

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  4. le bon sens c'est peut être le 6ème qui nous fait nous méfier de ceux qui l'utilisent comme argument ou argutie...vigilance, merci anaïs!

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  5. Excellent article d'Eliseet commentaire percutant d'a=Anaïs, très apprécié par Pap'(celles qui me connaissent me reconnaîtront)... au fait, les participes passés des verbes du 2e groupe (en IR) se terminent en "I", et non "it", comme orthographié par erreur... ceci est une remarque d'un ex-enseignant qui assume ses incompétences orthographiques, étant sorti deuxième d'uns dictée "à la Pivot", à Laruscade (Gironde), avec... 18 erreurs (je ne dis pas "faute" à cause de la connotation... suivez mon regard!..
    A Tchao ! (oui, on doit écrire "ciao", mais personne ne se souvient de l'origine italienne du mot...)et vive le Parti de Gauche !
    Signé DAD

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